
Quand l'île Maurice
s'écrit en Capitale...
© Adobe Stock/tobago77

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Quand l'île Maurice s'écrit en Capitale...
C’est un fait : on ne vient pas à Maurice pour un city break, mais pour de longues journées de farniente, à bronzer sous un soleil généreux et à rêver les yeux grands ouverts devant des paysages aussi somptueux que dépaysants. Pour autant, il serait dommage de quitter l’île sans avoir visité sa plus grande cité : Port-Louis. Une ville qui se conjugue à tous les temps : passé, présent et futur…
Ancrée sur la côte nord-ouest de l’île, entre mer et montagne, Port-Louis est la capitale de Maurice. De prime abord, elle transpire la modernité avec son grand port et ses buildings de verre dans lesquels siègent les banques et les principales entreprises du pays. Pour autant, Gran Lavil, comme on la surnomme en créole, n’a rien d’une métropole affairée et, si elle est incontestablement le poumon économique du pays, elle reste avant tout, aux yeux des Mauriciens, leur « ville-monde », gardienne de l’âme d’une nation multiculturelle qui a su dépasser ses blessures pour forger son bonheur. Un formidable chemin que cette belle insulaire vous raconte à travers ses ambiances pittoresques et son riche patrimoine.
Les murmures des vieux murs
L’histoire de la ville débute en 1735 quand Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’époque, se met en tête d’accélérer le développement de « l’Île de France » en la dotant d’un grand port. Une décision qui vaut au Français ou, pour être plus exact, à sa statue de trôner depuis 1859 sur la place d’Armes (ou place Sookdeo Bissoondoyal), la plus prestigieuse de la capitale. Un honneur qu’il partage avec plusieurs personnalités politiques de l’île dont sir Seewoosagur Ramgoolam, le « père de l’Indépendance », et la reine Victoria dont la sculpture ouvre le parvis de l’hôtel du Gouvernement.
Ce grand palais colonial dont les façades immaculées renferment l’ancienne salle du trône de la Couronne britannique affiche trois siècles d’existence, ses premiers murs étant sortis de terre en 1725. Cela en fait le doyen des bâtiments historiques port-louisiens. Même la Citadelle — que l’on appelle aussi fort Adélaïde, en hommage à l’épouse du roi Guillaume IV d’Angleterre — ne peut rivaliser puisque sa construction fut achevée en 1840. Perchée au sommet de la ville, elle est censée protéger son port contre toute attaque venue de l’océan. Mais cette vocation en cache une autre, plus cynique : les Autorités britanniques ont lancé les travaux de leur forteresse en 1830 pour se protéger d’une éventuelle révolte de leurs esclaves. L’abolition, prononcée en 1835, a mis fin à leurs craintes et, fort heureusement, les gros canons de fonte qui, aujourd’hui encore, sont pointés vers la rade, n’ont jamais fait feu ni contre un envahisseur ni contre un Mauricien.

© Adobe Stock/Stefan
À l’esclavage, a succédé le coolie trade ou, en bon français, l’engagisme, une autre forme de traite des êtres humains avec l’exploitation de centaines de milliers de travailleurs pauvres, venus d’Inde pour leur immense majorité (à découvrir ici). Et, forcément, Port-Louis garde aussi le souvenir de ce chapitre douloureux de l’histoire mauricienne avec l’Aapravasi Ghat, un terme hindi qui peut se traduire par « l’abri temporaire des immigrants ». Classé « patrimoine mondial » par l’UNESCO, ce site n’est autre que le centre d’immigration par lequel ont transité la plupart des 500 000 « engagés ». Il n’en reste plus aujourd’hui qu’une petite partie : la porte d’entrée, l’hôpital, une étable, des cuisines…, autant de constructions qui ont en commun la couleur sinistre de leurs murs faits des grosses pierres volcaniques « gris cendre » typiques de l’île. Une ambiance grave que l’on retrouve au sein du Centre d’interprétation Beekrumsing Ramlallah qui, depuis bientôt vingt ans, collecte et préserve les objets et documents racontant cette immigration indienne. Il abrite également la reconstitution de la cale d’un navire assurant la liaison entre Calcutta et Port-Louis, une maquette grandeur nature qui vous laisse imaginer ce calvaire qu’était la traversée jusqu’à Maurice.
Un mal pour un bien
On ne quitte jamais l’Aapravasi Ghat sans ressentir une petite pointe de mélancolie. Rassurez-vous, cette sensation est fugace, car Port-Louis et ses habitants ont tôt fait de vous en libérer. C’est que les Mauriciens font de formidables alchimistes ; ils ont changé le plomb en or, la douleur des esclaves et des « engagés » en une joie sans pareille, l’inhumanité de leurs « maîtres » en une tolérance à toute épreuve. Leur capitale est la preuve parfaite de cette transmutation réussie. Ici, en quelques pas, on change de monde et de culture. De dieux, même ! À peine quitté Kannanur Mariamman Kovil, un temple hindouiste remarquable, voilà que l’on découvre la cathédrale Saint-Louis et ses vitraux lumineux, ou le Jummah Masjid, une grande mosquée au style architectural indéfinissable tant elle mélange les influences : arabe, moghole, créole, indienne.
Ce cosmopolitisme est encore plus flagrant à l’heure du déjeuner. Les Port-Louisiens répondent alors à votre kal vant (votre fringale) avec un halim, un plat musulman mariant lentilles et viande, glané auprès d’un ti baz tricycle, la version à pédales du food truck. Vous pouvez cependant lui préférer un dholl puri, une crêpe garnie d’une purée de pois cassés, spécialité d’origine indienne à découvrir sur les stands du Marché central, le garde-manger de Port-Louis. À moins que vous n'optiez pour un mine frit, des nouilles sautées à déguster de préférence au cœur de Chinatown, le quartier chinois, royaume du street art, des herbes médicinales et des gadgets bon marché.

Le Marché central de Port-Louis. Une explosion de saveurs, de parfums, de couleurs. Les Port-Louisiens viennent y faire leurs emplettes ou déjeuner sur le pouce.
Cela dit, si vous souhaitez vraiment goûter « de l’intérieur » à la diversité joyeuse du peuple mauricien, le mieux est d’attendre le week-end pour se joindre alors à la foule qui fréquente le Champs-de-Mars, l’hippodrome de la capitale. Ouvert en 1812, c’est une institution qui, d’avril à novembre, reçoit, dans une ambiance chaleureuse, pour ne pas dire folklorique, la fine fleur des pur-sang insulaires et les milliers de passionnés venus les acclamer. Ainsi, vivre la dernière ligne droite de la Duchess of York Cup ou de la Barbé Cup, deux des plus grandes courses du calendrier, et vous époumoner, à l’instar de vos voisins, pour pousser le crack que vous vous êtes choisi pour favori, restera, soyez-en certain, comme l’une des expériences les plus insolites de votre séjour dans l’océan Indien. On en prend le pari ?

© Adobe Stock/Tarikh Jumeer
C’est un fait : on ne vient pas à Maurice pour un city break, mais pour de longues journées de farniente, à bronzer sous un soleil généreux et à rêver les yeux grands ouverts devant des paysages aussi somptueux que dépaysants. Pour autant, il serait dommage de quitter l’île sans avoir visité sa plus grande cité : Port-Louis. Une ville qui se conjugue à tous les temps : passé, présent et futur…
Ancrée sur la côte nord-ouest de l’île, entre mer et montagne, Port-Louis est la capitale de Maurice. De prime abord, elle transpire la modernité avec son grand port et ses buildings de verre dans lesquels siègent les banques et les principales entreprises du pays. Pour autant, Gran Lavil, comme on la surnomme en créole, n’a rien d’une métropole affairée et, si elle est incontestablement le poumon économique du pays, elle reste avant tout, aux yeux des Mauriciens, leur « ville-monde », gardienne de l’âme d’une nation multiculturelle qui a su dépasser ses blessures pour forger son bonheur. Un formidable chemin que cette belle insulaire vous raconte à travers ses ambiances pittoresques et son riche patrimoine.
Les murmures
des vieux murs
L’histoire de la ville débute en 1735 quand Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’époque, se met en tête d’accélérer le développement de « l’Île de France » en la dotant d’un grand port. Une décision qui vaut au Français ou, pour être plus exact, à sa statue de trôner depuis 1859 sur la place d’Armes (ou place Sookdeo Bissoondoyal), la plus prestigieuse de la capitale. Un honneur qu’il partage avec plusieurs personnalités politiques de l’île dont sir Seewoosagur Ramgoolam, le « père de l’Indépendance », et la reine Victoria dont la sculpture ouvre le parvis de l’hôtel du Gouvernement.
Ce grand palais colonial dont les façades immaculées renferment l’ancienne salle du trône de la Couronne britannique affiche trois siècles d’existence, ses premiers murs étant sortis de terre en 1725. Cela en fait le doyen des bâtiments historiques port-louisiens. Même la Citadelle — que l’on appelle aussi fort Adélaïde, en hommage à l’épouse du roi Guillaume IV d’Angleterre — ne peut rivaliser puisque sa construction fut achevée en 1840. Perchée au sommet de la ville, elle est censée protéger son port contre toute attaque venue de l’océan. Mais cette vocation en cache une autre, plus cynique : les Autorités britanniques ont lancé les travaux de leur forteresse en 1830 pour se protéger d’une éventuelle révolte de leurs esclaves. L’abolition, prononcée en 1835, a mis fin à leurs craintes et, fort heureusement, les gros canons de fonte qui, aujourd’hui encore, sont pointés vers la rade, n’ont jamais fait feu ni contre un envahisseur ni contre un Mauricien.

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À l’esclavage, a succédé le coolie trade ou, en bon français, l’engagisme, une autre forme de traite des êtres humains avec l’exploitation de centaines de milliers de travailleurs pauvres, venus d’Inde pour leur immense majorité. Et, forcément, Port-Louis garde aussi le souvenir de ce chapitre douloureux de l’histoire mauricienne avec l’Aapravasi Ghat, un terme hindi qui peut se traduire par « l’abri temporaire des immigrants ». Classé « patrimoine mondial » par l’UNESCO, ce site n’est autre que le centre d’immigration par lequel ont transité la plupart des 500 000 « engagés ». Il n’en reste plus aujourd’hui qu’une petite partie : la porte d’entrée, l’hôpital, une étable, des cuisines…, autant de constructions qui ont en commun la couleur sinistre de leurs murs faits des grosses pierres volcaniques « gris cendre » typiques de l’île.
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Une ambiance grave que l’on retrouve au sein du Centre d’interprétation Beekrumsing Ramlallah qui, depuis bientôt vingt ans, collecte et préserve les objets et documents racontant cette immigration indienne. Il abrite également la reconstitution de la cale d’un navire assurant la liaison entre Calcutta et Port-Louis, une maquette grandeur nature qui vous laisse imaginer ce calvaire qu’était la traversée de l'océan Indien jusqu’à Maurice.
Un mal pour un bien
On ne quitte jamais l’Aapravasi Ghat sans ressentir une petite pointe de mélancolie. Rassurez-vous, cette sensation est fugace, car Port-Louis et ses habitants ont tôt fait de vous en libérer. C’est que les Mauriciens font de formidables alchimistes ; ils ont changé le plomb en or, la douleur des esclaves et des « engagés » en une joie sans pareille, l’inhumanité de leurs « maîtres » en une tolérance à toute épreuve. Leur capitale est la preuve parfaite de cette transmutation réussie. Ici, en quelques pas, on change de monde et de culture. De dieux, même ! À peine quitté Kannanur Mariamman Kovil, un temple hindouiste remarquable, voilà que l’on découvre la cathédrale Saint-Louis et ses vitraux lumineux, ou le Jummah Masjid, une grande mosquée au style architectural indéfinissable tant elle mélange les influences : arabe, moghole, créole, indienne.
Ce cosmopolitisme est encore plus flagrant à l’heure du déjeuner. Les Port-Louisiens répondent alors à votre kal vant (votre fringale) avec un halim, un plat musulman mariant lentilles et viande, glané auprès d’un ti baz tricycle, la version à pédales du food truck. Vous pouvez cependant lui préférer un dholl puri, une crêpe garnie d’une purée de pois cassés, spécialité d’origine indienne à découvrir sur les stands du Marché central, le garde-manger de Port-Louis. À moins que vous n'optiez pour un mine frit, des nouilles sautées à déguster de préférence au cœur de Chinatown, le quartier chinois, royaume du street art, des herbes médicinales et des gadgets bon marché.

Le Marché central de Port-Louis. Une explosion de saveurs, de parfums, de couleurs. Les Port-Louisiens viennent y faire leurs emplettes ou déjeuner sur le pouce.
Cela dit, si vous souhaitez vraiment goûter « de l’intérieur » à la diversité joyeuse du peuple mauricien, le mieux est d’attendre le week-end pour se joindre alors à la foule qui fréquente le Champs-de-Mars, l’hippodrome de la capitale. Ouvert en 1812, c’est une institution qui, d’avril à novembre, reçoit, dans une ambiance chaleureuse, pour ne pas dire folklorique, la fine fleur des pur-sang insulaires et les milliers de passionnés venus les acclamer. Ainsi, vivre la dernière ligne droite de la Duchess of York Cup ou de la Barbé Cup, deux des plus grandes courses du calendrier, et vous époumoner, à l’instar de vos voisins, pour pousser le crack que vous vous êtes choisi pour favori, restera, soyez-en certain, comme l’une des expériences les plus insolites de votre séjour dans l’océan Indien. On en prend le pari ?

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